Actualités et agendas

Un axe antique mis au jour sur le chantier de la Bibliothèque métropolitaine

24/02/2021 Dynamisme culturel

Financées par la Métropole, d'importantes fouilles archéologiques sont en cours sur le chantier de la Bibliothèque métropolitaine de l'Hôtel-Dieu. En lieu et place du futur jardin de lecture, la société Archeodunum a déjà retrouvé le premier cardo de la ville antique. Une voie gallo-romaine faite de pouzzolane, de tuiles et de pierre volcanique.

« Feuilleter la terre » pour faire parler le passé... Voilà un travail de fourmis engagé depuis novembre par l'équipe d'Archeodunum sur le chantier de la Bibliothèque métropolitaine de Hôtel-Dieu. Avant qu'une nouvelle page se tourne et que l'élégante verrière baignée par la lumière du grand jardin de lecture soit construite, la société d'investigations archéologiques missionnée par Clermont Auvergne Métropole procède aux fouilles préventives du site pour en savoir davantage sur la ville antique d’Augustonemetum -le nom gallo-romain de Clermont- et sur ses transformations jusqu'à l'époque contemporaine.

Cette étude archéologique, d'une durée de 10 mois, est réalisée dans le cadre d’un marché public qui consiste à intervenir en amont des projets d’aménagements et à financer, par l’étude, la sauvegarde du patrimoine qui va être recouvert. Ici, c'est donc une imposante bibliothèque de 9 571 m2 dont les travaux doivent débuter cette année, pour une ouverture au public en 2024, qui viendra marquer de son emprise la longue histoire des lieux...

Devant les historiques bâtiments de l'ancien centre hospitalier de Clermont construit courant XVIIIe, l'équipe de 10 archéologues chapeautée par Marco Zabeo a déjà mis au jour plusieurs vestiges assez emblématiques. Notamment sur la terrasse, « la phase 1 », le premier espace sondé par Archéodunum, où ont été découverts un bassin « de construction remarquable de par la qualité du mortier ». La présence d'une amphore, insérée dans la maçonnerie « suppose une fonction de vivier ».

 

Mise au jour du premier cardo de la ville antique

Un peu plus bas, dans le futur jardin de lecture (la phase 2 des fouilles), c'est sans doute le premier cardo de la ville antique qui constitue la trouvaille la plus importante. Cet axe nord-sud, dont la présence avait déjà été révélée par de précédentes fouilles plus au Sud, pourrait encore en dire long sur l'évolution de la cité antique. « C'est une route qui devait faireplusieurs mètres de la large. Là, on a découvert environ 3 mètres », relève Marco Zabeo, responsable des fouilles. Un petit espace de recherches, donc, qui révèle pourtant la spécificité des voies antiques clermontoises faites, non pas de pavés, comme on pourrait l'imaginer, « mais de pouzzolane broyée, de petits blocs de pierre volcanique et de fragments de tuiles. »

Le long de cette axe majeur, les archéologues ont aussi décelé un portique avec des canalisations antiques et un bâti modeste « qui pourrait s'apparenter à un boutique » dans laquelle se trouvaient des morceaux de pièces artisanales. « Tout l'intérêt est désormais de savoir si ce noyau de constructions s'est installé tardivement ou si c'est l'évolution de la ville, auquel cas on pourrait trouver des niveaux plus anciens en dessous », explique Marco Zabeo qui penche pour la première hypothèse et estime, pour l'heure, que ces vestiges dateraient du milieu du IIe siècle après JC.

« Nous avons vraiment toutes les périodes représentées, de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine »

 

Plus précisément, le responsable des fouilles espère répondre au mystère de ce curieux îlot en pleine ville. « Nous avons trouvé une partie qui n'est pas bâtie, or c'est assez particulier car souvent, l'espace urbain est exploité entièrement. Là nous avons un habitat le long d'une voie, mais rien derrière... » Rien d'antique tout du moins, puisqu'au dessus de ce premier cardo, l'équipe d'Archeodunum a sorti de terre un habitat en pierres sèches, un habitat médiéval cette fois, ainsi qu'un puits et un silo cuvelé « dans lequel nous avons retrouvé un peu de mobilier. » Encore plus haut, un vestige de l'époque moderne a également été retrouvé. Il s'agit d'un grand bâtiment avec une pièce enterrée dont les archéologues ne connaissent pas encore la nature.

« Sur cette deuxième phase du chantier de fouilles archéologiques, nous avons vraiment toutes les périodes représentées, de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine. C'est un hasard, mais on peut même situer cette chronologie dans l'espace, d'Ouest en Est », explique le responsable. Son équipe de chasseurs de trésors sondera encore cet espace correspondant au futur jardin de lecture jusqu'au mois d'avril, avant de s'attaquer à la cour d'honneur de l'ancien Hôtel-Dieu (la phase 3). Et à ses secrets -bien enfouis sous nos pieds- qui restent toujours à révéler... 

 

Que deviennent ces vestiges après la fouille ?
Toutes les découvertes faites sur le chantier de la Bibliothèque métropolitaine de l'Hôtel-Dieu sont minutieusement répertoriées par l'équipe d'Archeodunum. Après de longs mois sur le terrain, tout le mobilier prélevé par les archéologues est ensuite ramené dans l'une des bases de travail de la société, pour y être lavé et étudié par des spécialistes. L'objectif ? Remonter la piste de ces objets pour reconstituer l'histoire du site de l'Antiquité à nos jours. Et faire perdurer ses savoirs... Un travail qui sera consigné dans un rapport de fouilles, avant que les mobiliers ne soient rendu à l’État.