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L'interview de Patricia Délepine, présidente de la FFB 63

14/03/2022 Ma Métro

À la tête de la Fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme, Patricia Délepine porte la voix d’un secteur qui recense 4 790 sociétés et 10 000 salariés dans le département. Propriétaire d’une entreprise de couverture, elle connaît les difficultés de ses adhérents, et se félicite des perspectives annoncées par le Plan pluriannuel d’investissement.

Entre le Covid-19 et la crise des matières premières, ces deux dernières années n’ont pas dû être faciles pour le secteur du bâtiment...

Un chiffre permet de tout résumer : le jour où j’ai pris la présidence (en mars 2020, NDLR), en faisant un tour de table lors de notre conseil d’administration, nous avons établi que la rentabilité moyenne de nos entreprises était de 2 %. C’était avant la crise du Covid-19 et nous sommes depuis impactés de partout. Nous devons faire face à des augmentations de prix suivant les matériaux, elles peuvent être comprises entre 40 et 60 %. Parfois même de 100 %. Sans parler des délais d’approvisionnement qui ne sont pas maîtrisables.

Le plus dur, c’est que nous n’avons aucune possibilité de nous projeter : lorsqu’elle obtient un marché, une entreprise du bâtiment ne commence “jamais” son chantier à la signature. Selon la taille de l’opération et le corps de métier, cela peut prendre de plusieurs mois à deux ans. Sauf qu’entre temps, beaucoup de choses peuvent changer et les prix négociés en amont peuvent ne plus correspondre à la réalité. Il faut accepter le fait que les budgets liés à la construction aujourd’hui, ne seront probablement pas ceux de demain. Et rester optimiste, nos chefs d’entreprise sont des gens battants.

Dans ce ciel nuageux, le Plan pluriannuel d’investissement (PPI) et les commandes publiques qu’il induit, annoncent pour vous une éclaircie ?

Notre Fédération en faisait la demande depuis longtemps, donc on ne peut que s’en féliciter ! De manière générale, le plan d’investissement de la Métropole est rassurant. Il prouve aux entreprises que malgré tout, nous continuerons à construire demain. Il est intéressant aussi parce qu’il donne des ambitions, tout en apportant une visibilité. On voit qu’un vrai travail de prise en compte de la problématique des territoires a été réalisé. Et plus d’un milliard d’euros sur douze ans, c’est top ! Surtout lorsque l’on sait que la commande publique représente une part non négligeable de l’activité de nos entreprises.

En tant que Fédération, vous portez la voix des entreprises du bâtiment devant les pouvoirs publics et politiques du territoire. Vous sentez-vous écoutée ?

Nous avons la chance d’avoir des élus attentifs, avec qui nous avons un échange concret. Le secteur du bâtiment est acteur dans la politique d’aménagement du territoire, la Métropole l’a bien compris et nous associe aux discussions. Nous ne sommes pas forcément d’accord sur tout, nous défendons nos idées et c’est le jeu de la démocratie ! Sur le financement du PPI par exemple, nous pensons qu’il est important de favoriser davantage l’arrivée de nouvelles entreprises sur le territoire : le levier fiscal sera en quantité plus élevé, et individuellement, la hausse des taxes sera moins importante. Pour aller plus loin, la Métropole ne doit pas être une simple addition de communes, mais un territoire complet avec des quartiers “transcommunaux” qui accueillent une pluralité de modèles de construction. Dans le PPI, on sent qu’il y a un frémissement sur le développement de ce concept qui ne demande qu’à se concrétiser. Nous souhaitons que la métropole clermontoise devienne un puzzle de projets. Des habitants souhaitent avoir une maison individuelle, d’autres veulent vivre dans de l’intergénérationnel ou en immeuble… Nous avons la possibilité sur le territoire de pouvoir satisfaire l’intégralité des concitoyens. Ce PPI doit être un outil pour nous permettre d’y arriver.