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Interview d'Olivier Bernasson

20/12/2021 La métropole en 9 étapes

Lorsqu’Olivier Bernasson a découvert Internet au milieu des années 90, il a très vite perçu le potentiel de cet outil. Connu comme étant le créateur du site de e-commerce pecheur.com, il est depuis devenu un spécialiste des questions numériques. Un rôle qui l’a amené à devenir en 2019 le président de La French Tech Clermont Auvergne.

  • Depuis 2016, Clermont Auvergne Métropole est reconnu mondialement pour son engagement en faveur du numérique grâce à son label French Tech*. Où en est-on aujourd’hui ?

Notre réseau, qui nous a permis d’obtenir un premier label en 2016, est devenu une communauté portée par un groupement d’entrepreneurs et soutenue par de nombreux acteurs locaux. Si bien qu’aujourd’hui, ce n’est plus seulement la Métropole qui est labellisée : c’est tout un territoire qui s’étend au Sud jusqu’à Issoire, et au Nord jusqu’à Vichy. Et nous souhaitons encore aller plus loin en fédérant davantage de personnes afin de candidater en 2022 au renouvellement de notre label en tant que capitale, au même titre que Lyon ou Paris. Une association, La French Tech Clermont Auvergne a également été créée en 2019. Notre mission n’a pas changé : nous sommes toujours autant mobilisés pour favoriser l’émergence et le développement de start-up, mais nous ne sommes plus uniquement axés sur le numérique. Nous sommes désormais au service de l’innovation au sens large.

  • Cela veut dire que le numérique n’est plus assez porteur ?

On trouve aujourd’hui des innovations purement numériques, mais il y a d’autres domaines, comme la chimie verte ou la robotique qui font actuellement des avancées plus radicales. L’entreprise SurgAR illustre bien cela : sur notre territoire, elle est la plus innovante en termes de numérique. Mais la réalité augmentée qu’elle emploie pour proposer des solutions novatrices aux chirurgiens est une technique déjà connue. Pareil pour MyBus, l’application développée par Monkey Factory : ce n’est pas la technologie elle-même qui est innovante, c’est la manière dont elle est mise au service des utilisateurs des transports en commun qui l’est. Le numérique est donc un outil puissant, qui amène des ressources à l’innovation. Il améliore par exemple la communication entre les chercheurs, facilite le partage de documents, offre des puissances de calcul colossales, permet la simulation par ordinateur... Tous deux sont indissociables.

  • Sur ces questions-là, comment se place la Métropole vis-à-vis des autres ?

Nous ne sommes pas en retard, mais il ne faut pas traîner des pieds. Je suis optimiste, nous avons un écosystème qui se porte bien et des infrastructures réseau historiquement bonnes. Avec la généralisation du télétravail, l’Auvergne, grâce à son cadre de vie, a une vraie carte à jouer pour booster son attractivité. Certaines critiques pointent du doigt le CO2 produit par le digital, mais oublient d’intégrer dans leurs calculs tous les déplacements qui sont évités grâce à la dématérialisation ou aux réunions en ligne par exemple. Il faut accepter le changement, le numérique fait partie de nos vies, et nous ne reviendrons pas en arrière. En digitalisant nos sociétés, on favorise l’égalité des citoyens face à l’information. Dans ce sens, l’Open Data est un vrai levier de démocratie. Il est en revanche légitime de se poser les bonnes questions pour rendre le numérique plus viable et plus vertueux. Car c’est un outil maîtrisable, par lequel nous pouvons être dominés. Mais il ne faut pas oublier que comme tout outil, le numérique est ce qu’on en fait.

 

(*) French Tech est un label attribué par les autorités françaises à des pôles métropolitains reconnus pour leurs écosystèmes de start-up. Le réseau des labélisés représente 121 entités à travers le monde, dont 13 capitales et 45 communautés en France.