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Focus sur un document patrimonial : dans le quotidien d'un peintre-militaire témoin de la Grande Guerre

22/11/2018 Bouger, se divertir

La bibliothèque du patrimoine accueille actuellement l'exposition "La Guerre des airs". L'occasion de découvrir de magnifiques dessins et croquis pris sur le vif par le peintre-militaire Maurice Busset, offrant une matière vivante et vibrante de la Grande Guerre.

Un peu d'histoire

Peintre et graveur de formation, le Clermontois Maurice Busset (1879-1936) fut un témoin de premier plan du premier conflit mondial, nul autre n’ayant représenté de manière aussi aiguisée et dramatisée la « guerre des airs » qui se joua dans le ciel européen. Mobilisé dans l’observation aérienne, sergent mécanicien puis adjudant aviateur, il devint en 1918 peintre militaire du musée de l’Aéronautique. Travailleur acharné, il réalisa et accumula des centaines de relevés, croquis et dessins préparatoires à ses peintures, dont le musée de l’Armée à Paris conserve plusieurs toiles majeures.

L’historien Georges Desdevises du Dézert, dans son ouvrage Les Monts d’Auvergne et le peintre Maurice Busset (1931), pressent et résume on ne peut mieux l’apport décisif du « peintre-aviateur » Maurice Busset dans la représentation des combats aériens parfois titanesques dont la Grande Guerre fut le théâtre. Son propos s'illustre plus particulièrement dans les carnets de croquis et de dessins du peintre-militaire.

« Maurice Busset, croyons-nous, pourra revendiquer l’honneur d’avoir été le premier artiste qui ait rendu d’une façon complète, par la peinture, le dessin, la gravure et la littérature, la part d’art qui entre dans la navigation aérienne.»

 

Le Trésor des carnets de croquis

Les carnets de Maurice Busset recèlent des notes et des milliers de croquis. Selon Georges Desdevises du Dézert, c’est là ce que Busset appelle « sa fortune ». Rangés par années, précieusement enfermés dans un coffre ces petits carnets qu’il montre rarement, et aux seuls amis, renferment la genèse de son oeuvre, il ne compose pas une toile ou une estampe sans les consulter ». À l’occasion de la vente en décembre 2016 du fonds d’atelier de Maurice Busset, la bibliothèque du Patrimoine eut l’opportunité d’en acquérir une trentaine, dont 4 carnets pour la période allant de 1915 à 1918, mais également deux carnets relatifs à son service militaire au 105e régiment d’infanterie de Riom en 1901 ainsi qu’un précieux petit carnet manuscrit renfermant des Chansons de marche illustrées de délicats croquis dessinés à la plume.

 

Zoom sur Bombardements nocturnes « Hallucinés »


Bombardement d’usine, 1918, Huile sur toile (175 x 250 cm) Musée de l’Armée – Hôtel des Invalides ©RMN

La genèse de cette toile monumentale se trouve dans une page du carnet de croquis de 1917 : «Bombardement d’Essen». Ce dessin à l’encre sur fond gris, rehaussé de blanc et d’ocre jaune, réalisé sur le carnet de croquis de 1917, constitue l’esquisse de la toile conservée au musée de l’Armée dont la structure géométrique et les lignes de composition sont déjà bien visibles. La mention manuscrite «gravure sur bois» fait référence au fait que Maurice Busset tira également une gravure sur bois de cette composition, publiée au sein du recueil Nos Escadrilles pendant la Grande Guerre (20 Bois originaux en couleurs de Maurice Busset, 1920) avec la légende «Bombardement nocturne d’une usine» - planche dont la Bibliothèque du patrimoine conserve trois épreuves.

 

+ infos
> Carnets de croquis de Maurice Busset sur Overnia, dans la collection « A l'épreuve de la Grande Guerre »
> Exposition « La Guerre des Airs » à la bibliothèque du patrimoine 
> Conférence du 14 Décembre sur « la Grande Guerre dans l'oeuvre de Maurice Busset »
> Exposition virtuelle « La Grande Guerre des Auvergnats » sur Overnia