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Damien Garrigue : “Nos lignes de tramway et de Busway ont la même amplitude, les mêmes fréquences, la même importance”

14/12/2020

Chef de projet déplacement, Damien Garrigue est le “Monsieur bus” de Nantes Métropole. Il a suivi les grands aménagements opérés pas la collectivité ces dernières années sur son réseau de transports en commun. Notamment la création du Busway, une ligne de bus à haut niveau de service parmi les premières en France. L’an passé, elle a franchi un nouveau cap avec l’arrivée de véhicules électriques long de 24 mètres !

Présentez-nous votre réseau de transports en commun...

D’abord, il faut savoir que Nantes a été la première ville de France à réintroduire le tramway, en 1985. Progressivement, le réseau s’est développé pour arriver à trois lignes de tram. En 2001-2002, la collectivité a lancé un projet de prolongement de la troisième ligne vers le Sud-Ouest, mais il s’est avéré trop onéreux et le taux de fréquentation attendu n’était pas au niveau de l’investissement. Le bus a fait son retour dans la palette des moyens de transport performants. Nous avions déjà un réseau de bus bien sûr, mais il était vieillissant. Nous nous sommes donc interrogés sur la manière de faire un bus, comme un tramway, de façon à lui redonner une vraie place. C’est comme ça qu’est née, en 2006, la ligne à haut niveau de service, Busway.

En 2009, nous avons ensuite souhaité travailler sur une amélioration assez forte du réseau tout entier. On a créé ce que l’on appelle le réseau eChronobus. Des lignes qui ne sont pas partout en site réservé, mais sur lesquelles nous avons traité des problématiques de façon pragmatique. Nous avons adapté certaines sections, certains carrefours. Aujourd’hui, nous sommes à 140 000 voyageurs par jour sur les 8 lignes du réseau eChronobus. Tous les ans, il y a au moins une ligne sur laquelle nous augmentons l’offre.

Comment a été accueilli votre Busway ? Les usagers ont-ils adhéré ?

Le Busway a tout de suite été intégré à notre réseau. D’ailleurs, nous ne distinguons pas les lignes de tramway et de Busway. Elles ont la même amplitude, les mêmes fréquences, la même importance. Les passagers peuvent monter à toutes les portes, ils n’ont pas besoin de demander l’arrêt et peuvent acheter leur ticket à toutes les stations. Le Busway a été très vite plébiscité car il faut dire que nous avons fortement contraint l’automobile.

Nous savions que le report s’opérait facilement sur le tramway. Les gens laissent leur voiture sans problème pour prendre le tram. Mais c’était un pari avec le bus. Au lancement du projet, nous avons eu de fortes réactions de la part de la population qui s’attendait à un tramway. Certains disaient “nous sommes des sous-citoyens, à quand le char à bœufs ?”. Sur le coup, ça a été assez violent parce que le projet de prolongement du tramway était vraiment sur les rails, nous allions entrer dans la phase d’enquête publique. Mais finalement, la ligne Busway a très bien marché.

Récemment, vous avez fait le choix de développer cette ligne Busway. Pourquoi ?

À cause de la fréquentation qui a plus que doublé. Les Busway ont été pris d’assaut. Nous sommes arrivés à 40 000 voyageurs par jour sur une ligne qui fait à peine 7 km ! Si la transformation de la ligne en tramway a été évoquée, nous avons opté pour l’achat de véhicules de 24 mètres de long. C’était tout de même un projet beaucoup moins lourd que la construction d’un tramway. À Nantes, depuis la fin des années 90, nous n’achetons plus de bus diesel et roulons essentiellement au gaz. Mais quand s’est posée la question de l’énergie pour ces nouveaux véhicules, les études nous ont montré que toutes les conditions étaient réunies pour passer à l’électrique.

Le choix s’est porté sur un système de biberonnage, ou “opportunity charging”, en anglais, c’est-à-dire que les bus se rechargent pendant leur exploitation sur la ligne. Pour cela, nous avons équipé quatre stations, les deux terminus et deux stations intermédiaires. Les bus se rechargent à chaque passage. Quel que soit le temps de dépose. Ils ont besoin de seulement 4 minutes de charge pour faire un aller-retour. C’est d’ailleurs une première mondiale d’avoir des véhicules électriques de 24 mètres sans caténaires ! Aujourd’hui, nous avons 22 bus électriques en service, les eBusway. Nous sommes très satisfaits de ce système. Et nous avons pu rebasculer les anciens véhicules sur une ligne eChronobus qui est donc devenue la deuxième ligne de Busway.