Pour la deuxième fois, l’association a pris le parti d’inviter trois artistes du territoire et d’ailleurs afin d’occuper ce lieu : Nandre (plasticienne), Marie Docher et Chloé Kaufmann (photographes).

À travers cette exposition, la proposition qui leur est faite est de révéler les capacités de dialogue et d’altérité de leurs créations. Pour cela, Les Arts en Balade accompagnent les artistes en mettant des moyens à leurs services et notamment l’accompagnement d’une scénographe et commissaire d’exposition, Anne Eléonore Gagnon.

La Librairie Les Volcans est partenaire de l’exposition et proposera en marge de celle-ci, le 24 mai 2023, une discussion entre Marie Docher et Ingrid Milhaud, iconographe indépendante qui a suivi son projet intitulé Et l’amour aussi… depuis l’origine.

Qu’il s’agisse du sort des migrants dans Franchir la Nuit de Nandre, de l’impact de la loi «mariage pour tous» sur la vie des femmes lesbiennes dans Et l’amour aussi… de Marie Docher ou des phénomènes intimes liés aux chocs traumatiques dans Douce Maison de Douce de Chloé Kaufmann, RÉSISTER met en exergue des questionnements particulièrement ancrés dans notre temps.

De manière poétique, affirmative ou évocatrice, cette exposition collective témoigne de trois chemins de résistance sous-tendus par la même volonté de sublimer, de représenter voire d’exorciser des traumatismes et des peurs.

Au-delà des différences formelles et des récits développés, un même fil rouge se déploie, révélant la pluralité du verbe « résister » et nous renvoyant ainsi à nos propres combats.

• FRANCHIR LA NUIT

NANDRE : LA RÉSISTANCE POÉTIQUE

Diplômée Beaux-Arts de Clermont Ferrand NANDRE a d’abord enseigné les Arts Plastiques puis s’est entièrement consacrée à son travail de création dans ses ateliers de La Roche Noire

Elle a eu l’occasion de présenter régulièrement ses œuvres dans différents pays Européens.

Elle montrera de façon inédite à Clermont Ferrand, les œuvres qui ont été présentées dans le cadre de l’exposition « Allégoria » en 2022/23 à l’hôpital Notre Dame de la Rose à Lessines en Belgique.

«Depuis très longtemps je souhaite que mon travail pictural tende à se rapprocher de la Toile Blanche. Le blanc est un silence, un silence provisoire, c’est aller à l’essentiel.

Sachant qu’il s’agit d’un long cheminement, après bien des errances colorées et graphiques j’ai abandonné les couleurs facteurs de trop de bavardages pour n’utiliser que le blanc, les blancs…

Mon discours est alors devenu plutôt conceptuel, je peins le temps, l’instant, la mémoire, le silence, la nuit …

Aujourd’hui je raconte l’humain, les faits sociétaux, j’aborde le sujet comme l’écrivain écrit un livre, je raconte une histoire. Je peins, je dessine, je brode, j’utilise le textile pour le volume.

La toile blanche, utopie poursuivie, le chemin est encore long et peut être vain » NANDRE.

FRANCHIR LA NUIT :

50 têtes en tissu, les yeux fermés sauf une. 50 hommes et femmes cherchant une issue vers un ailleurs hypothétique 10 desseins à l’encre, des visages aux lèvres barrées d’une croix, privés de liberté, de parole, la mer, la tempête, un bateau qui sombre ..seules les croix du silence flottent .

Huiles sur Toiles, visages, regards croisés dans différents pays en passe peut être de devenir à leur tour des migrants.

• ET L’AMOUR AUSSI…

MARIE DOCHER : RÉSISTANCE POLITIQUE

Engagée depuis 2014 pour la visibilité des femmes photographes, son travail artistique et militant l’amène à travailler sur les questions de représentations. Elle est membre fondatrice du collectif LaPartDesFemmes.

En 2022, elle est nommée chevaleresse des Arts et des Lettres pour l’ensemble de son travail en faveur de plus de diversité dans le secteur de la photographie et est lauréate de la Grande Commande Photographique du ministère de la Culture gérée par la BnF.

Et l’amour aussi… paraitra mi-octobre 2023 à la Déferlante Editions.

ET L’AMOUR AUSSI… :

« En 2022 j’ai été lauréate de la Grande commande photographique du ministère de la Culture gérée par la BnF pour réaliser mon projet sur les femmes qui aiment au féminin 10 ans après le vote de la loi sur le mariage pour toutes et tous, je suis partie à travers la France métropolitaine pour rencontrer plus de 50 femmes, 3 hommes (cis et trans) et 3 enfants, et nous avons fait ensemble des portraits et entretiens, parlé de ce que ces débats et le vote de la loi avait changé dans nos vies.

Ce travail veut créer les représentations qui manquent et comprendre l’impact de ce moment politique.»

• DOUCE MAISON DOUCE

CHLOÉ KAUFMANN : RÉSISTANCE INTIME

Chloé Kaufmann est née en 1984. Elle est photographe et cinéaste. En parallèle de ses études en arts du spectacle, elle développe ses premières pellicules ainsi que ses premiers projets artistiques.

En 2012, elle part à Athènes photographier les premières conséquences de la crise européenne. C’est à ce moment-là que son travail photographique débute véritablement.

Plusieurs de ses courts-métrages seront ensuite sélectionnés en festival en France et à l’international. Revendiquant une approche frontale, sa démarche artistique explore à travers différents médiums- film, photographie et écriture - comment la vie politique imprègne nos vies intimes.

En filigrane, elle questionne la possibilité d’un endroit où mettre nos corps et nos vies à l’abri d’un monde qui nous en dépossède.

DOUCE MAISON DOUCE :

Lorsque j’ai développé cette pellicule en septembre 2018, je ne savais pas ce que j’y trouverais. J’avais oublié. Or, il est apparu sur ces photographies des souvenirs reclus. Je dus faire face, en image, à ces quelques mois qui ont suivi les attentats de l’année 2015 à Paris.

À cette même époque, le CNRS avait déjà débuté une grande étude sur l’impact des attentats sur la population. J’y avais intégré une des cohortes de la recherche qui s’achèvera en 2028.

En parallèle de ces évènements historiques, je subis personnellement du harcèlement et suis victime d’agression et d’agression sexuelle d’une personne de mon entourage, d’une personne que je photographie, d’une personne dont je photographie les ami·es, mes ami·es.

Ce ne sera qu’en 2018, que la bulle protectrice dans laquelle je m’étais réfugiée éclate. La fugue dissociative se transforme en fuite, je quitte la région parisienne à la hâte et déménage soudainement à Marseille. Cette série de photographies et les textes qui les accompagnent interrogent le trouble de la mémoire qui survient à la suite de chocs traumatiques. Comme un liquide qui se répand, il s’invite partout. Le temps se distend. Les repères et les souvenirs référents se déboulonnent.

Apparaît l’obligation de se rattacher à des faits tangibles, de convoquer le réel pour s’y raccrocher comme à une bouée pour se permettre de se souvenir du banal et de l’infra-ordinaire.

SCÉNOGRAPHIE : ANNE ÉLÉONORE GAGNON

Anne Eléonore Gagnon est scénographe et commissaire d’exposition indépendante.

À travers ses différentes fonctions elle est intervenue dans un large champ du domaine culturel et travaille aussi bien pour des institutions publiques et privées, que pour des artistes.

Elle a notamment fondé et dirigé jusqu’en 2016 la galerie Grand angle, spécialisée en photographie contemporaine et dans la promotion d’artistes émergents.

Elle est également consultante en projets photographiques, que ce soit dans le domaine de l’édition ou des expositions.