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04/25/2019 Bouger, se divertir
Il y a quelques jours, 3 tableaux de Moïse Kisling, de la collection permanente du musée d’art Roger-Quilliot, ont pris l’avion pour rejoindre le Japon. Les oeuvres intégreront l’exposition itinérante « Kisling, grande figure de l’École de Paris », qui traversera 7 villes japonaises jusqu’en novembre 2020. Une exportation qui met en lumière la richesse des collections du musée.
Moïse Kisling est né en 1891 à Cracovie en Pologne. Il se forme à l’École des beaux-arts de Varsovie, où son professeur Joseph Pankiewicz, grand admirateur de Renoir et des impressionnistes français, l’incite à rejoindre Paris. À 19 ans, il quitte son pays natal pour rejoindre la France et Paris, où il installe rapidement son premier atelier à Montparnasse. Dans la capitale, il rencontre de nombreux artistes, d’origine et d’inspirations diverses dont Pablo Picasso, faisant émerger une communauté artistique bouillonnante qui donnera naissance à ce que l’on appelle « l’École de Paris ». L’artiste franco-polonais en sera l’un des illustres représentants, aux côtés de son grand ami, Amedeo Modigliani.
A partir de 1912, il participe régulièrement au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants et des Tuileries. En 1919, le grand succès de sa première exposition particulière à la galerie Druet le hisse au premier plan de ce qui constitue l’École de Paris. Les plus grandes personnalités d’alors fréquentent son atelier parisien du 3, rue Joseph-Bara, en particulier des femmes comme Arletty (1898-1992), Colette (1873-1954) ou Marie Laurencin (1883-1956), que son style intemporel et poétique séduisait.
En 1940, l’arrivée des troupes nazies en France le poussera à l’exil aux Etats-Unis. A la fin de la guerre, il regagne le Midi de la France, à Sanary, où il continue de créer avec un réalisme expressif qui fait sa réputation, jusqu’à sa mort en 1953.
Organisée par Brain Trust Inc., société d’exposition japonaise, l’exposition « Kisling, grande figure de l’École de Paris » centrera son propos sur l’ensemble de la production de Moïse Kisling. Reposant sur environ 70 œuvres issues principalement de musées français, de collections privées françaises et japonaises, elle traversera 7 grandes villes japonaises, du Metropolitan Teien Art Museum de Tokyo au Museum Eki de Kyoto.
Cette manifestation témoigne de l’engouement des Japonais pour les artistes de cette période comme par exemple Maurice de Vlaminck (1876-1958), ou encore Marie Laurencin (1883-1956), une artiste femme représentée dans les collections du musée d’art Roger-Quilliot (MARQ).
Le prêt des 3 œuvres provient de la collection Combe, dont le fond est composé de plus de 400 œuvres données et léguées par Simone Combe, épouse de Maurice Combe, collectionneur clermontois et marchand d’art du 20e siècle.Maïté Valles-Bled, directrice du musée Paul-Valéry à Sète et commissaire de l’exposition japonaise a retenu trois œuvres emblématiques de Moïse Kisling, relevant de trois genres différents.
Amoureux des fleurs, le peintre représente tout au long de sa carrière, de nombreux bouquets colorés, souvent empreints de poésie. Réalisées en 1919 au lendemain de la Première Guerre mondiale, ces pivoines apparaissent représentatives de l’influence de Cézanne sur la peinture de Kisling, avec notamment une structuration de l’espace caractéristique : loin d’un traitement naturaliste, les fleurs sont simplement signifiées par des formes rondes et ovales, sans détail apparent.
En 1917 et l’année suivante, Kisling effectue de longs séjours sur la côte provençale et notamment à Saint-Tropez. Pour représenter le sud de la France, il propose une peinture lumineuse et colorée,animée de petites silhouettes. La végétation composée de palmiers,arbres méditerranéens par excellence, évoque une certaine douceur de vivre. Exécuté sept années après son arrivée en France, ce paysage illustre la première période de l’artiste, qui témoigne encore des tâtonnements d’un jeune peintre à la recherche d’un style personnel.
Traité sur un fond vert simplement brossé, ce nu illustre bien l’évolution stylistique de l’artiste arrivé à sa période de maturité vers 1950 : dépouillée et simplifiée, sa toile semble se focaliser sur l’essentiel, afin d’atteindre la véracité et l’intériorité du modèle. Avec une immédiateté figurative efficace, le peintre représente ici son idéal de beauté avec toujours le caractère insaisissable du regard, caractéristique de ses portraits de femmes.
© ADAGP, Paris, 2019 / Photo Florent Giffard