Entre crainte et désir, peur et séduction, la Marquise et le Chevalier jouent à qui-perd-gagne, se cherchent, se trouvent, se méfient, dans ce pur et riche langage, celui du marivaudage, toujours aussi séduisant.

À l’étonnement de ses contemporains, Marivaux remet sur le métier un de ses thèmes préférés. Imaginant une variation à sa Surprise de l’Amour publiée cinq ans plus tôt en 1722, il écrit une pièce surprenante qui pourrait se terminer à la fin de chaque acte, n’était un malentendu se glissant in extremis dans la dernière scène pour relancer l’action. Pour Alain Françon, dans ce chaos des sentiments, ce sont les échanges verbaux qui offriront le salut, par la grâce d’une langue semblable aux mouvements du cœur et de l’âme. La très fine paroi qui sépare ici l’amour et l’amitié permet à l’auteur d’entraîner ses personnages de crises en crises, de la dépression au bonheur, du bonheur au doute… Aidés par des domestiques pleins d’allant, qui ne sont pas dupes, les deux futurs amants qui s’aiment sans le savoir, ou font semblant de ne pas le savoir, n’ouvriront leurs yeux qu’à la dernière scène.