Au temps de son écriture, c’était donc la désolation post-guerre mondiale ; la défaite de l’humanité en tant que mouvement possible vers un « meilleur » absolu, définitivement disqualifiée par l’existence indélébile des camps d’extermination.

Aujourd’hui, c’est le spectre de la fin de l’environnement nécessaire à notre survie qui est sous notre nez ; ça va finir, c’est certain. En tout cas ça va peut-être finir.

Hamm et Clov : deux des derniers spécimens de l’humanité, terrés dans leur refuge, jouent à continuer en attendant que ça finisse. L’un est un puissant déchu, aveugle, et il ne peut se lever. Clov le sert. Il continue à obéir, sans trop savoir pourquoi. Quelque chose en rapport avec la combinaison du buffet. De toute façon, lui ne peut pas s’asseoir. Mais c’est décidé, aujourd’hui : c’est fini, ça va finir.

Nagg et Nell, parents de Hamm, sont déjà à la poubelle, avec notre passé et les échos de notre enfance. Ils pointent leur nez de temps en temps pour recevoir un biscuit. Enfin, tant qu’il reste des biscuits…

Une pièce de Samuel Beckett.