Actualités et agendas


Détail

Comment organiser une mobilité durable et efficace dans les territoires ? Interview d'Alexandre Magny

03/12/2025 Se déplacer, habiter...

Comment organiser une mobilité durable et efficace dans les territoires ?
Le GART*, association nationale d’élus et de techniciens spécialistes des transports, étudie la question depuis plus de quarante ans. Pour son directeur général, Alexandre Magny, l’intermodalité est l’une des clés.


Comment évoluent les transports en commun dans les territoires comparables à Clermont Auvergne Métropole ?

Depuis 15 ans, la part des transports en commun dans les agglomérations de 100 000 à 6 millions d’habitants a augmenté. Et lorsqu’elles disposent d’un réseau en site propre (tramway, bus à haut niveau de service), la part de la voiture diminue encore plus : - 9 % à Strasbourg par exemple, et près de - 20 % à Lyon. Cette évolution est bien sûr liée au développement des réseaux de transport. Mais aussi à une vision élargie de la mobilité, qui combine modes actifs (marche et vélo) et collectifs, et intègre des services comme le vélopartage, le covoiturage, l’autopartage...

 

À quels enjeux répond ce mouvement ?

Aujourd’hui, les politiques publiques de mobilités visent deux objectifs. Le premier est social : la première mission du transport collectif, c’est de répondre aux besoins qui ne peuvent pas être gérés par un véhicule individuel, soit parce que l’on n’est pas en capacité de conduire (scolaires, seniors, personnes à mobilité réduite) ou que l’on n’en a pas les moyens. Le deuxième enjeu est évidemment environnemental, afin de lutter à la fois contre la congestion des villes et le réchauffement climatique. La nouvelle approche des mobilités a ancré un changement des comportements au cœur des métropoles. Il reste en revanche du chemin dans beaucoup de zones périurbaines ou rurales.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, pour aller travailler, se faire soigner, étudier, on est obligé de faire de plus en plus de kilomètres. Et en 2025, c’est loin d’être toujours un choix : à mesure que les prix des logements ou les loyers explosent, une partie de la population n’a plus les moyens d’habiter dans les villes. Les distances à parcourir augmentent et l’aménagement du territoire ne permet pas toujours d’opter pour les modes actifs. Le défi consiste maintenant à trouver des solutions pour les zones périurbaines et rurales peu denses, où tout ne peut pas passer par le transport collectif. La voiture individuelle doit y avoir sa juste place pour s’articuler avec des solutions de mobilité qui permettent d’aller travailler, de se faire soigner, d’étudier ou d’accéder à la culture.

 

C’est là que l’intermodalité entre en scène ?

Oui ! Penser la mobilité implique de penser l’intermodalité. Nous sommes tous tour à tour piétons, cyclistes, automobilistes ou passagers des transports en commun. Les usagers ont besoin d’une offre de mobilité combinée, intelligente et claire, qui leur permet de mixer les modes de déplacement simplement. Emprunter un transport à la demande jusqu’à la gare ou y laisser sa voiture pour prendre le train, avant d'opter pour le bus ou le vélo...

 

Quels sont les facteurs de succès ?

 Une meilleure fréquence, une plus grande amplitude horaire, plus de sécurité et de confort. À l’inverse, la complexité est LE frein principal : l’intermodalité et les transports en commun doivent être faciles pour que les gens s’en emparent. La signalétique universelle utilisée sur les lignes fortes du réseau de Clermont Auvergne Métropole répond à ce besoin : une partie de la population ne sait pas lire, porte des handicaps cognitifs ou ne parle pas français… Cet effort d’accessibilité est indispensable. Simplifier, c’est aussi aller vers des tarifications intégrées, qui permettent de prendre le bus, le tram, le train, les vélos en libre-service avec un seul titre… Ou encore avoir les mêmes règles d’un réseau à l’autre sur l’âge qui déclenche les tarifs jeunes ou séniors. Citons aussi le besoin de correspondances fluides et de cohérence des horaires : rien de plus frustrant que de sortir de la gare pour voir son bus partir et de devoir attendre le prochain pendant 20 minutes. Enfin, même si cela semble évident, l’intermodalité ne fonctionne que si le réseau de transport dessert les espaces et services essentiels d’un territoire.

 

*GART : Groupement des autorités responsables de transport