C’est le pied qui fait l’humain, sa place au sein de la vie sur Terre, mais aussi sa singularité en tant qu’individu. Bérénice Legrand écrit une partition chorégraphique à la gloire de cette partie mésestimée du corps, bien décidée à questionner la verticalité de notre système de valeur.

« Bête comme ses pieds ! » Aux oreilles de Bérénice Legrand, cette expression banale se révèle bien injuste. Le pied est l’un des éléments moteurs du corps : c’est lui qui permet de se tenir debout et nous sacre comme l’un des mammifères les plus mobiles du monde terrestre. Alors la chorégraphe décide d’ériger le panard en personnage héroïque ! Sur un tapis de sol immaculé – comme un écrin au pied – deux performeuses éprouvent, testent, caressent, célèbrent leurs nobles appuis dans une chorégraphie qui éclaire les infinies combinaisons sensitives qu’ils permettent. Porter attention à ce « membre inférieur », c’est aussi renverser une certaine hiérarchie des savoirs.