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Valoriser les eaux usées : un enjeu sanitaire et environnemental

16/10/2020 Préserver, recycler...

Transformer vos eaux usées en matière organique destinée à l’agriculture, c’est le choix que fait la Métropole en valorisant, chaque année, 100 % des boues produites à la station d’épuration des 3 Rivières, soit 25 000 tonnes de matière épandue ou compostée. Demain, ces boues pourront même servir à produire de l’énergie renouvelable…

Sur les hauteurs de Mezel, ce matin-là, Stéphane Roulet-Pradier, à la fois agriculteur et chef d’une entreprise de travaux agricoles, épand des boues d’épuration produites à la station des 3 Rivières sur la parcelle d’un confrère. Cet engrais organique, issu du traitement des eaux usées de la Métropole, Stéphane Roulet-Pradier l’utilise également sur sa propre exploitation céréalière, à Saint-Julien-de-Coppel. Une démarche qui lui a permis de “diviser par deux” ses achats d’engrais chimique et qui fait surtout ses preuves sur les cultures et leur rendement… “C’est flagrant. Sur le long terme, il n’y a pas photo. Les boues d’épuration restaurent les sols et apportent tous les microorganismes dont les plantes ont besoin. La matière organique permet aussi de retenir les gouttes un peu plus longtemps.” Un aspect non négligeable dans la période de sécheresse accrue que connaît notre territoire actuellement.

Comme Stéphane Roulet-Pradier, 60 agriculteurs du département sont engagés dans cette filière de valorisation des boues de la station des 3 Rivières de la Métropole. Ce qui représente une centaine de communes et 6 000 hectares, dont 1 500 bénéficient de l’épandage chaque année. Grâce à cette démarche, la collectivité valorise 100 % de sa production de boues, soit 25 000 tonnes par an. Plus concrètement, “60 % de cette production part en épandage agricole et 40 % en compostage”, précise Sylvain Tredan, de la société SEDE Environnement à qui la Métropole délègue la valorisation de ses boues. En bout de chaîne, une fois le processus de traitement des eaux usées terminé, la société SEDE Environnement réalise une série d’analyses sur les boues, organise leur livraison chez les agriculteurs gère leur épandage et procède au contrôle et à la traçabilité. Car la filière de recyclage agricole est particulièrement scrutée et réglementée. Mais elle présente surtout un double avantage économique et environnemental pour la Métropole et les agriculteurs. “Sans cette valorisation,les boues d’épuration seraient incinérées ou enfouies”, explique Sylvain Tredan. Jusqu’en 2010, les boues de la station des 3 Rivières étaient d’ailleurs intégralement évacuées vers l’installation de Stockage des Déchets non Dangereux de Puy-Long. Aujourd’hui, elles apportent, entre autres, azote, phosphore et chaux aux sols agricoles du territoire. Et serviront, demain, à la production d’énergie renouvelable...

C’est en tout cas l’objectif de Clermont Auvergne Métropole qui travaille sur l’extension de la station d’épuration des 3 Rivières et la construction d’une unité de méthanisation. D’importants travaux (environ trois années à partir de mi-2021) qui permettront, à terme, d’adapter le site aux évolutions futures, c’est-à-dire de traiter 2 millions de m³ d’eaux usées supplémentaires chaque année, et de produire du biométhane pour le réseau public de distribution de gaz naturel, grâce à la digestion des boues et des graisses. Ce projet d’envergure entre dans le cadre du Schéma de transition énergétique et écologique et du Schéma directeur d’assainissement de la collectivité et fera suite au renforcement de collecteurs et à la construction de 6 bassins de stockage restitution (d’une capacité totale de 80 000 m³) pour améliorer la qualité des milieux aquatiques et des rejets après traitement. Un énorme enjeu environnemental et sanitaire.