Actualités et agendas

L’AMAP, pour une consommation alternative

04/06/2019 Préserver, recycler...

Six Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) sont présentes sur la métropole clermontoise. Ces structures, qui organisent la vente de produits en circuits courts, prônent un mode de consommation alternatif. L’association de Romagnat, qui compte 120 familles adhérentes et une vingtaine de producteurs, a fait le choix du 100 % bio. Rencontre.

On ne reste pas cinq minutes à l’AMAP de Romagnat”. Ce jour-là, Colette, une baguette à la main, est plus que loquace ! Ici, on prend le temps de demander des nouvelles. De discuter des dernières actualités. Bref, on s’éternise… Parce que faire ses courses, ça peut aussi être “un bon moment de convivialité !

Chaque mardi soir, à 18 h 30 pétantes dans la cour de la mairie, plusieurs dizaines “d’amapiens” viennent chercher les commissions qu’ils ont réservées et payées par avance(*). Car en prenant son adhésion à l’AMAP, on s’engage à se fournir régulièrement auprès des producteurs et à respecter la “saisonnabilité”. La poignée de producteurs bio triés sur le volet par les membres de l’association sait ainsi qu’elle pourra “écouler sa marchandise sans perte”, mais surtout “à un juste prix”, explique Gisèle Rigard, la présidente. Tout le monde repart donc gagnant. Vu de loin, le rendez-vous hebdomadaire des amapiens pourrait ressembler à n’importe quel marché de la métropole, à cette différence près que les clients sont aussi… des militants. “Ça peut être une contrainte devenir récupérer ses légumes, fromages, oeufs, etc, tous les mardis et ça sous-entend aussi qu’il faut cuisiner !”, relève la présidente. Alors, généralement, ceux qui tiennent le rythme sont “les personnes vraiment engagées”. Ce petit effort, pourtant, chacun d’entre nous pourrait le consentir d’après Colette. “C’est le principe du colibri de Pierre Rabhi”, relève cette “écolo du bon sens”, qui apprécie de pouvoir “manger local” et surtout, d’acheter “sans intermédiaire”.
C’est d’ailleurs face à des clients comme Colette que Gabriel Fenaille se sent redevable. “À l’AMAP, on est vraiment soutenu”, témoigne le maraîcher de Cébazat dont l’exploitation, le Prè du Puy, abrite l’un des rares restaurants bio de la métropole. “Un contact direct avec la clientèle” qui plaît aussi à Marine Cohendy, céréalière-boulangère du GAEC de Mont Rognon. “Quand on démarre une activité, ça sécurise beaucoup la commercialisation d’avoir des clients engagés qui commandent toutes les semaines. La fidélité des gens nous pousse à rester […] Il arrive aussi que certains amapiens viennent donner un coup de main sur l’exploitation”, ajoute Pierre Sauvat qui s’est reconverti il y a quelques années dans la production de fruits sur son Verger de l’Étoile.

Ce dernier était là au tout début, en 2009. À l’époque, il faisait même partie des membres fondateurs. Lorsqu’il est devenu producteur, Pierre Sauvat a dû céder sa place dans le bureau. C’est comme cela à l’AMAP de Romagnat, le militantisme jusque dans le mode de gestion. Un producteur ne peut pas avoir de responsabilité au sein de l’association. Une règle d’or.

(*) Tous les premiers mardis du mois, les amapiens de Romagnat ont la possibilité de changer leurs euros en doumes. La doume, c’est la monnaie locale et « responsable » lancée il y a quatre ans par l’Association pour le développement des monnaies locales dans le Puy-de-Dôme (ADML 63). “Toutes les AMAP de la métropole ont un lien avec la doume”, expliquent Danielle Nadal et Solange Herbet qui tiennent le stand ce jour-là.