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Fonds d'aide aux jeunes : interview croisée

11/02/2021

En seulement un an, le Fonds d’aide aux jeunes (FAJ) est passé de 1 200 à 1 800 bénéficiaires. Face à cette augmentation, la Métropole a débloqué 100 000 € supplémentaires pour renforcer ce dispositif social qui vient en aide aux 18-25 ans rencontrant des difficultés dans leur parcours d’insertion. Au Point d’Accueil et d’Écoute Jeunes (PAEJ) de Clermont-Ferrand, le FAJ est un outil central. Rencontre avec Pauline 21 ans (*), qui en a bénéficié, et Maxime Meyrand, son assistant social.

 

Quel est votre parcours et votre quotidien à tous les deux ?

Pauline : Moi j’ai arrêté l’école assez tôt, donc j’ai pas mal enchaîné les stages. Au début, je voulais travailler avec les enfants. J’ai été surveillante, ATSEM... L’an dernier, je me suis engagée en service civique pour me diversifier. Je travaillais auprès des personnes âgées : 28 heures par semaine pour 580 € par mois, il faut le vouloir ! Avec un loyer à payer, des charges, des factures... Les fins de mois étaient compliquées, mais j’arrivais quand même à m’en sortir.

Maxime : Je suis assistant social éducatif au Point d’Accueil et d’Écoute Jeunes qui dépend du CCAS de Clermont-Ferrand. Au quotidien, nous accueillons des jeunes de 18-25 ans (26 sous certaines conditions) isolés, en rupture familiale, en situation précaire, non étudiants et non scolarisés. On leur propose des accompagnements individuels ou collectifs en fonction de leurs besoins. Souvent, les aides financières et administratives sont les portes d’entrée. Puis, au fil du temps, un lien se crée et d’autres choses ressortent... En 2019, le PAEJ a enregistré 6 891 passages.

Qu’est-ce que la crise sanitaire a changé pour vous ?

P : À cause du confinement, j’ai dû stopper mon service civique. Trouver un boulot est devenu plus difficile. Je voulais débuter une formation pour travailler avec les enfants, mais il n’y avait plus rien. Et c’est là que la situation s’est dégradée... Je vivais avec 300 € d’ARE (Allocation chômage d’aide au retour à l’emploi) par mois. Quand j’avais payé toutes mes factures, il me restait 50 ou 60 € pour vivre et pour me nourrir. Heureusement, j’ai pu compter sur le PAEJ et sur Monsieur Meyrand qui a vraiment été bien avec moi. C’est lui qui m’a proposé de bénéficier du Fonds d’aide aux jeunes. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de très fière, donc ça a été compliqué de demander de l’aide, mais finalement, j’ai été très bien accueillie. Je ne me suis jamais sentie jugée ou pointée du doigt. Je trouve ça vraiment formidable ce que fait le PAEJ pour les jeunes.

M : Le public a changé. Beaucoup de jeunes se sont retrouvés sans emploi. Et beaucoup de jeunes avec un emploi et un logement, se sont retrouvés avec des dettes de loyer. Le Fonds d’aide aux jeunes nous a permis d’éviter que la situation se dégrade davantage chez beaucoup de jeunes. Nous avons reçu beaucoup plus de jeunes, alors même que nous avions moins de possibilités pour eux.

Pourquoi le Fonds d’aide aux jeunes est une aide précieuse ?

P : Grâce à Monsieur Meyrand, j’ai pu d’abord obtenir une aide d’urgence de deux fois 50 €, disponibles en 24 heures. Puis toujours dans le cadre du FAJ, j’ai touché 50 € par semaine pendant 6 semaines et quatre fois 50 € de chèques alimentaires, qui m’ont permis de faire mes courses à l’épicerie Esope (lire p15). En fait, j’ai pu m’en sortir à la fin du mois, tout simplement. Je trouve que ce principe des 50 € par semaine est vraiment bien, plutôt que d’obtenir tout l’argent d’un coup. Au moins, on n’est pas tenté de les dépenser rapidement.

M :
Le Fonds d’aide aux jeunes, financé par la Métropole et le CCAS de Clermont-Ferrand, c’est vraiment notre outil principal au PAEJ. Il permet d’accompagner des jeunes comme Pauline, qui ont besoin d’une aide ponctuelle, mais aussi des jeunes qui sont à la rue, qui ne payent pas de loyer ou de charges, mais qui n’ont vraiment que cette aide financière pour vivre. Là, il s’agit vraiment d’une aide à la subsistance.

Qu’est-ce qui vous permet de rester optimistes ?

P : Je rêve d’un SMIC, d’emménager avec mon fiancé – jusqu’à présent les finances ne nous le permettaient pas – mais ce sera bientôt possible. J’aimerais aussi prendre un chien. Et construire une maison. J’attaque une formation aux métiers du BTP. À la sortie, je sais que je trouverai facilement un emploi dans ce secteur qui recrute. Le PAEJ a vraiment joué un rôle déterminant dans tout ça. Sans cette aide, je n’aurais peut-être pas eu la motivation ou le cœur à attaquer une formation, surtout avec des soucis financiers. Là je rentre en formation plus sereine. Je vais avoir un vrai salaire et peut-être que je pourrais économiser !

M : Je trouve qu’en ce moment, on sent vraiment une volonté des collectivités de tendre la main aux jeunes, car ils restent les plus impactés par la crise. Des jeunes qui n’avaient jamais mis les pieds dans un service social y sont contraints aujourd’hui. Un service social, on pense que c’est toujours un peu stigmatisant, mais le but c’est vraiment de changer cette vision. De créer du lien. Juste discuter lors d’un rendez-vous, ça peut parfois suffire. Ici, on ne fait pas d’enquête, on prend la parole pour ce qu’elle est.