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Un papillon rare et protégé découvert à Saint-Genès-Champanelle

08/10/2018 Environnement - Développement Durable

Une colonie de l'Azuré de la croisette a été découverte par la société d'histoire naturelle Alcide d'orbigny (SHNAO) à Nadaillat, sur la commune de Saint-Genès-Champanelle. C’est la première fois que ce papillon rare et protégé est détecté sur la Métropole.

Petit être, grande découverte… À première vue, l’Azuré de la croisette ressemble à tous les papillons que l’on croise, l’été, sur les fleurs de nos jardins. Pourtant, il s’agit bien d’une espèce rare et protégée qui bénéficie d’un plan de conservation à l'échelle nationale. Une espèce qui vient de faire son apparition sur la Métropole. À Saint-Genès-Champanelle.

Le papillon a été détecté dans une prairie du lieu-dit Nadaillat par François Fournier, le président de la société d'histoire naturelle Alcide d'orbigny (SHNAO). C’est en observant d’abord de la Gentiane croisette -une plante sur laquelle les chenilles se développent- que l’entomologiste a fait l’étonnante observation. « Découvrir la plante m’a incité à repasser trois mois plus tard pour voir si le papillon volait ou si des œufs étaient présents ». Et c’était bien le cas.

Seulement 10 sites où admirer l'Azuré

« Les chenilles de Phengaris (autrefois nommés Maculinea) ont la particularité de vivre sur une plante hôte, ici la Gentiane croisette, dont elles mangent le cœur de la fleur. » Avant qu’elles ne deviennent papillons, « leur développement se fait sur un ou deux ans, selon les spécimens », précise François Fournier.

Pour les scientifiques locaux, il s’agit d’une découverte particulièrement intéressante car ce papillon est très localisé dans le Puy-de-Dôme. « Il fait partie de ce que l’on appelle les bio-indicateurs qui nous renseignent sur l’état des milieux », explique Charles Lemarchand, directeur adjoint du muséum Lecoq. Jusqu’à présent, seulement 10 stations -ou lieux d’observation- ont été identifiées (l’une d’elles a d’ailleurs déjà disparue). Mais c’est la première fois qu’une colonie est détectée sur le territoire de la Métropole. « D’une part car la plantes hôte est elle-même assez rare, mais aussi parce que le milieu dans lequel elle pousse -zone humide, tourbière- est plutôt en déclin. C’est donc une vraie chance de trouver ce genre d’espèce sur un territoire plutôt urbanisé. »

"Des raretés du patrimoine de la Métropole"

D’où l’importance de sa préservation ! « La Gentiane et l’Azuré de la croisette font maintenant partie des raretés du patrimoine de la Métropole et méritent un suivi sur le long terme. Pour protéger cette petite colonie, il faut garder la gestion actuelle et éviter un fauchage trop précoce qui ne permettrait pas aux chenilles de se nourrir des fleurs », précise François Fournier.

Ce sera là la mission de l’Observatoire métropolitain de la biodiversité, dans le cadre de l’ambitieux Schéma de transition énergétique et écologique porté par Clermont Auvergne Métropole. Ce réseau de structures ou d’associations naturalistes locales -dont font partie le muséum Lecoq et la société d'histoire naturelle Alcide d'orbigny- sera chargé d’étudier toutes les dispositions à prendre pour la sauvegarde du papillon.

 

Une importante collection de papillons au muséum Lecoq
Le muséum Lecoq possède une collection entomologique particulièrement importante. En tout, elle compte environ 290 000 insectes, dont plus de 100 000 papillons, essentiellement issus du Massif-Central. Cet impressionnant fonds, dans lequel figure l’Azuré de la croisette, a été enrichi depuis le milieu du XIXe siècle par les différentes équipes qui se sont succédé au muséum. De nombreux spécimens ont aussi été achetés ou bien donnés par des naturalistes. Il y a encore deux ans, l’entomologiste Jean Faïn faisait don de sa collection au muséum qui assure ensuite l’étude et la conservation des spécimens.