Un peu d'histoire

C'est à partir de 1820 que les publications de "Voyages pittoresques et romantiques dans l'Ancienne France" ont débuté. Ces publications, initiées par le baron Taylor et Charles Nodier deviennent alors le modèle des albums de paysages lithographiés.
Selon l'ambition de Charles Nodier, le «voyage pittoresque» comme genre éditorial doit permettre de donner à contempler à ses contemporains des sites propres à susciter leur imaginaire par l'exaltation des forces de la Nature autant que de leur faire ressentir la force de l'Histoire.

C'est dans l'esprit de cette grande entreprise éditoriale que l'éditeur moulinois Pierre-Antoine Desrosiers, s’attelle à la publication de L'Ancien Bourbonnais en 1833, qui rencontre un franc succès.
En 1840, il réitère l'expérience avec le projet de publication L'Ancienne Auvergne et le Velay. Il est rejoint dans cette affaire par l'avocat Adolphe Michel qui s'entoure de confrères locaux pour la rédaction des textes (Henri Donniol à Clermont, Francisque Mandet à Riom et Henri Durif à Aurillac).
Les illustrations sont confiées à des artistes ayant déjà travaillé à la précédente publication ou ayant participé à celle de Taylor et Nodier. De nombreux artistes régionaux participent à l'illustration : Emile Sagot, Edmond Tudot et Hippolyte Durand, pour les dessinateurs, lithographiées par Alexandre Monthelier, Frédéric Lehnert, Jean Louis Tirpenne, Louis Bichebois, Léon Sabatier.

Une approche historique et descriptive

Le but de cette société d'artistes est de rendre compte de « tout ce qui reste comme témoignage des institutions, croyances, des mœurs de la vie du passé ; recueillant les traditions qui s'altèrent, les coutumes qui se perdent ; relevant les monuments qui tombent ; interrogeant les ruines que le temps, le vandalisme ou la civilisation moderne ont dispersées ; évoquant, dans la poussière des archives et dans la nuit des sépulcres brisés, les ombres des générations éteintes ». Une démarche propre à la sensibilité romantique, illustrée de plus d'une centaine de planches lithographiées.

Sans perdre de vue l'aspect commercial de cette affaire, on trouve à l'intérieur du premier volume un prospectus-spécimen reprenant les intentions historiques et éditoriales de l'ouvrage, ainsi que les conditions de souscription. En effet, trente-six à quarante volumes sont prévus, que l'on peut acquérir pour la somme de cinq francs par volume !

Certains imprimeurs, libraires ou lithographes locaux se spécialisent à l'époque dans l'édition de ces estampes qui contribua à la valorisation de l'Auvergne. C'est le cas de François Thibaud Landriot, à Riom, qui obtient un brevet de lithographe pour pouvoir réaliser des illustrations consacrées au Mont-Dore.

Le Voyage pittoresque en Auvergne

L'Auvergne fut très tôt perçue comme emblématique, par ses paysages, son patrimoine et ses monuments de «l'ancienne France». La région a également vu passer de grands noms comme Chateaubriand, Maupassant, Prosper Mérimée, la marquise de Sévigné, Louisa Stuart Costello, qui ont laissé une trace écrite de leur passage.

«J'ai voulu, avant de mourir, jeter un regard sur l'Auvergne, en souvenance des impressions de ma jeunesse. Lorsque j'étais enfant dans les bruyères de ma Bretagne (...) je me figurais que l'Auvergne était un pays bien loin, bien loin, où l'on voyait des choses étranges, où l'on ne pouvait aller qu'avec de grands périls, en cheminant sous la garde de la mère de-Dieu.» Chateaubriand, Cinq jours à Clermont.

La collection «L'Auvergne pittoresque» correspond en grande partie à la naissance et à l'épanouissement en France de la sensibilité dite romantique, ce dans tous les registres d'expression, jusqu'à ses transformations et à son épuisement autour du milieu du 19e siècle.

La sensibilité romantique des voyages pittoresques 

Explicitement revendiquée dans le titre même des célèbres Voyages pittoresques et romantiques dans l'Ancienne France initiés en 1820 par le baron Taylor et de l'écrivain Charles Nodier, la sensibilité romantique se caractérise par plusieurs traits, dont :

- La célébration du passé et du "patrimoine" qui s'exprime par un engouement pour les monuments en ruine du Moyen-Âge. La notion de "patrimoine" se matérialise durant la première moitié du 19e siècle grâce à la création d'institutions officielles destinées à conserver et à restaurer les monuments, comme la Commission des monuments historiques créée en 1837. L'Inspecteur général des Monuments historiques, et écrivain, Proposer Mérimée, y joue un rôle fondamental en ouvrant la voie à la redécouverte du patrimoine régional des anciennes provinces.

- L'exaltation de la nature et le goût du «pittoresque». Dans les représentations des paysages et des vestiges des anciennes provinces, tout particulièrement pour l'Auvergne, les artistes, écrivains et les voyageurs sont avides de sensations. Ils expriment une fascination typiquement romantique pour les curiosités, les sites naturels grandioses, singuliers, typiques, ou, comme on les nomme alors, «pittoresques». Ce terme regroupe ce qui est digne d'être représenté et qui provoque une impression singulière sur le spectateur, lui faisant éprouver divers sentiments. Les sites «pittoresques» sont ceux qui sont propres à nourrir l'imagination du sujet qui les contemple, et à provoquer une rencontre entre le voyageur et le paysage, quitte à en exagérer les traits.

La bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand conserve un fonds important d'estampes du début du 19e siècle, issues de dons ou d'achat lors de vente aux enchères. Parfois rassemblées sous forme d'albums, elles mettent en valeur les paysages, l'architecture et les curiosités naturelles de la région.

l'« Ancienne Auvergne et le Velay » sur Overnia :

L'Ancienne Auvergne et le Velay, vol. 1 
L'Ancienne Auvergne et le Velay, vol. 2 
L'Ancienne Auvergne et le Velay, vol. 3
L'Ancienne Auvergne et le Velay, vol. 4. 
L'Ancienne Auvergne et le Velay, atlas (recueil de lithographies)